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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/214

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qu’on prendrait pour les cheminées d’une pompe à feu colossale. Quant à des arbres, des promenades, une rivière, et tout ce qui donne du charme à une grande ville, je n’en ai pas vu l’apparence à Bologne. Le canal du Reno ne peut prétendre qu’à l’honneur de fournir ce qui est nécessaire pour que les têtes chaudes de la Romagne mettent de l’eau dans leur vin à l’approche des baïonnettes autrichiennes.

De Bologne à Ferrare la campagne est fort riche, dit-on ; je l’ai mal vue, à cause d’une poussière épaisse qui fermait hermétiquement les yeux des voyageurs. On ne se dispense jamais, en passant à Ferrare, de considérer attentivement l’encrier de l’Arioste, qui n’est absolument qu’un encrier devant lequel dix personnes réunies font la plus sotte figure du monde. Ce simple ustensile a l’air lui-même tout penaud de l’attention qu’on lui accorde. Il faudrait ranger l’écritoire de l’Arioste à côté de la plume vraiment immortelle de Voltaire, cette plume tant de fois vendue aux Anglais,