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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/219

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de Venise ; elles perdront un jour à Padoue ; la dépense à l’auberge leur coûtera au moins deux piastres ; par conséquent elles auraient un bénéfice tout clair à me donner ce que je réclame.

— Il est fort aimable à vous, répondis-je, de vous inquiéter de nos véritables intérêts. Nous vous en remercions ; mais nous ne profiterons pas de l’avis, et vous n’aurez jamais votre piastre.

Cette mauvaise volonté révolta le voiturin. Il descendit de nouveau l’escalier, puis il reparut une seconde fois :

— Signori, dit-il avec douceur, je n’aime pas les querelles, et je serais fâché de vous empêcher de partir. Pour vous accommoder, je consens à perdre la moitié de la somme ; je me contenterai d’une demi-piastre par tête.

— Ce désintéressement est sublime, répondis-je ; il y aurait conscience d’en abuser. Vous n’aurez point de demi-piastre, et si vous nous menez à la police, nous vous ferons assurément retirer votre brevet de voiturin.