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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/220

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— Eh bien, signori, reprit l’homme d’un ton piteux, j’abandonne mes droits. Donnez-moi ce que vous voudrez pour boire une bottiglia.

— Pas seulement un baïoc ; vous êtes un coquin.

— Ma voiture est bien propre : bons chevaux, beaux harnais, brave cocher ; je vous demande la préférence pour vous conduire à Vicence, Vérone, Udine.

— Jamais vous ne nous conduirez nulle part.

— Le voiturin allait insister, si M. V…, dont l’indignation était à son comble, n’eût saisi une carafe pour la lui jeter à la tête. Notre homme s’esquiva, et nous ne l’avons plus revu.

Arrivés à Mestre par le chemin de fer, nous quittâmes la terre ferme, et après une heure de voyage en gondole, Venise parut au milieu de l’eau comme une ville flottante. Le soleil était couché quand nous entrâmes dans cet étrange labyrinthe. Nos rameurs nous conduisaient à travers des détours infinis, par de petits canaux où l’obscurité, le silence, les