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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/248

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les yeux d’Anzelina brillent comme des étoiles ; elle agite son mouchoir en l’air, et suit la joyeuse procession en poussant des cris de plaisir ; mais en abordant à la colonne du lion ailé lorsqu’elle aperçoit les fenêtres fermées du palais ducal et les canons braqués sur la Piazzetta, elle détourne la tête, elle verse des larmes amères, et, en rentrant le soir à son palais, elle retombe dans un silence désespérant.

— Telle est l’histoire de la belle Vénitienne, ajouta le vieux facchino. Le mal est sans remède. Ni la bonté ni les soins d’un mari indulgent ne peuvent sauver celle que Dieu a marquée d’un signe fatal. L’Adriatique a perdu sa fille, et nous autres, pauvres gens, qui nous rappelons le temps passé, nous répétons tristement : Zanze è estinta ! Anzela est morte !