Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/251

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 243 —

pas reconnaître leur propriété à cause des changements opérés par le travail d’assimilation, et revenir ainsi à eux-mêmes après trois métamorphoses successives ? Le genre fantastique, parti de Venise en 1750, avec le train d’un fils de bonne famille, y rentrera quelque jour en haillons, comme l’enfant prodigue, et si défiguré que ses compatriotes ne le reconnaîtront plus. Gozzi est mort au moment où Venise s’éteignait ; il n’est pas étonnant que dans le naufrage d’une république un poète se trouve submergé. Entraîné par les circonstances à faire de la satire, Gozzi s’est jeté ensuite dans la fantaisie avec encore plus de succès ; il faut bien que la littérature française rende au Vénitien ce qu’elle lui doit, en l’avouant au moins pour un de ses créanciers.•

Il y a peu de satires mauvaises et qui manquent leur but, soit parce que les vices, les ridicules et le mauvais goût donnent toujours beau jeu à qui veut les attaquer, soit parce qu’on n’écrit guère une satire que dans un