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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/252

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moment de colère et de passion. Gilbert n’était qu’un déclamateur ennuyeux dans ses odes ; un jour, il jette un regard d’envie et d’amertume sur le siècle des madrigaux, des petits soupers et de la philosophie, et aussitôt il trouve en lui une veine poétique qui ne se serait jamais ouverte sans le dépit et la misère. Régnier, malade, querelleur et chagrin, fit asseoir la poésie sur les bancs des cabarets, mais elle ne lui fut jamais si docile que lorsqu’il s’irrita contre lui-même et contre les tristes lieux où il avait usé sa santé. De toutes les formes que peut prendre la satire, la plus énergique et la plus agréable est assurément la comédie. Aristophane, bravant Cléon en plein théâtre, et jouant lui-même le rôle du Paphlagonien, qu’aucun acteur n’ose accepter, devient une puissance capable de faire trembler la république ; il fallait toute la liberté d’Athènes pour qu’un tel spectacle fût permis, et que l’auteur mourût dans son lit. Molière, avec l’appui de Louis XIV, se retrouve dans les heureuses conditions d’Aristophane ;