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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/268

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lui furieux, et s’enferme dans sa maison. La jeune Dalmate veut qu’on s’explique ; elle force la consigne, et pénètre jusqu’à son amant.

— Malheureuse ! lui dit Gozzi au désespoir, vous n’êtes plus digne de ma tendresse ! Que venez-vous faire ici, puisque vous recevez le signor secrétaire du provéditeur ?

Ahimè ! répond la Dalmate avec volubilité. Ce diable d’homme m’a ensorcelée ; il a gagné mes sœurs en leur donnant deux boisseaux de farine. Tout le monde conspirait contre moi. Ah ! maudites sœurs ! maudite indigence ! maudite farine !

La pauvre fille pleurait à chaudes larmes. Gozzi tira de sa poche une bourse remplie de sequins qu’il jeta dans le giron de son infidèle, et il se sauva dans les rues, pleurant aussi de tout son cœur et répétant : « Maudites sœurs ! maudite indigence ! maudite farine ! » Ainsi finirent ses premières amours, dont on retrouve une réminiscence dans sa pièce de Zobéide.