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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/289

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sitait à se prononcer. Goldoni écrivait fort mal, mais ne fallait-il pas excuser le vice de la forme en faveur du fond ? En résultat, le théâtre avait-il perdu ou gagné ? Telles furent les questions qui s’agitèrent dans le sein de l’académie. Gozzi se promenait dans un coin, la tête baissée, les bras derrière le dos, comptant les dalles d’un air mélancolique, comme le lui reprocha Chiari dans ses prologues. On trouvait beaucoup de raisons favorables au genre nouveau ; Gaspard Gozzi lui-même se laissait égarer par les grands mots de règles classiques ; Daniel Farsetti seul plaidait pour la comédie nationale. Charles Gozzi prit la parole.

Signori miei, dit-il avec un sourire plein de malice, j’avais pensé, en demandant à entrer dans votre académie, que le nom de Granelleschi était un badinage ; j’étais loin de soupçonner que ce fût une réelle définition de nos rares mérites ; mais je vois que nous sommes bien nommés. Granellesco je suis à jamais si vous approuvez cette comédie à la mode que les vents glacés du nord ont apportée