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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/292

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Toutes les incertitudes sout à l’instant fixées, et les yeux dessillés par ce discours. Le poëte rentre ensuite dans son silence taciturne qui lui a fait donner le surnom de solitaire : il laisse ses confrères censurer le théâtre nouveau, ce qui n’arrête pas le cours de la vogue ; mais, au bout de cinq ans, les fruits sont mûrs : Gozzi arrive un beau jour à l’académie, un rouleau de papier sous le bras, et demande in parole :

— Seigneurs Granelleschi, j’ai une provision de bagatelles à vous communiquer. Vous savez qu’il y a deux cents ans est mort à Florence un vieux poëte un peu sorcier appelé Burchiello. J’ai eu le bonheur de retrouver un de ses manuscrits posthumes chez la marchande de tabac. Ce beau poëme est intitulé la Tartana degl’influssi (la Tartane des influences pernicieuses pour l’année bissextile 1756), et voyez comme la rencontre est heureuse ! ce manuscrit tombe précisément dans mes mains peu de jours avant que l’année 1756 soit commencée.