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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/293

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Oozzi fait sa lecture, et les académiciens, à qui le règlement prescrit le plus grand sérieux en matière de badinage, admirent comment le vieux Burchiello a savamment deviné l’état des mœurs, des lettres, du barreau et même de la chaire, en cette année bissextile. Il a passé en revue les ridicules de la société vénitienne, l’hypocrisie des coureurs de sermons, les bavardages philosophiques des avocats, et le théâtre dit régulier. Il a deviné Chiari et Goldoni ; ô profond Burchiello ! L’académie éclate en applaudissements à ce passage qui définit la comédie larmoyante : « Ces spectacles sont une omelette battue… On mélange ensemble des morceaux incomplets, des caractères que la nature ne pourrait pas seulement rêver, des figures méconnaissables ! des homélies, des métaphores et du patois de gondoliers ; il pleut des arguments de pièces à la douzaine, et puis on se redresse, les joues enflées, le pied en dehors, et on dit : Nous avons réformé le théâtre… Autrefois on faisait tout simplement de la poésie ; aujourd’hui il