Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/294

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 286 —

faut des vers martelliens[1], si longs, si durs à fabriquer, d’une matière si coriace, qu’on y va des dents, des pieds et des mains, comme les cordonniers cousent leurs souliers. On se donne beaucoup de peine, mais on a réussi à faire parler hébreu aux muses.»

Burchiello avait bien deviné. Regardez le pauvre public de Venise : en quel état il est tombé ! N’ayant plus d’endroit où il puisse se divertir honnêtement, il va dans les tavernes et perd ce qui lui restait encore de respect pour les bonnes mœurs. Cependant reprenons un peu d’espérance, car le poëte sorcier nous prédit pour la fin de l’année le retour de Sacchi et de Zanoni, ces acteurs inimitables qui ramèneront avec eux les plaisirs, la gaieté italienne, et la pantalonnade plus profonde qu’on ne le croirait à voir son air innocent. Goldoni, enflé par un succès éphémère, proclame dans ses préfaces son dessein « d’arracher à la comédie nationale ses masques de cuir, »

  1. Le vers martellien répond à l’alexandrin français.