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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/296

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combien les critiques de Burchiello étaient fondées. Goldoni en appelait encore à l’auditoire nombreux qui venait chaque soir à San-Salvatore. Les amis de Gozzi lui représentèrent que le silence n’était plus possible, que la satire ne suffisait pas, et que le public avait le droit d’exiger une pièce meilleure que celle du genre critique : « César, répond Gozzi, a pris son temps pour passer le Rubicon, et vous autres, vous m’y poussez la tête la première en répandant ma satire dans les cafés ; il faut à présent que je nage ou que je me noie. » Sur ces entrefaites, le tremblement de terre de Lisbonne ayant chassé Sacchi du Portugal, Gozzi n’eut plus aucun prétexte de retard. Un matin, le petit théâtre de San-Samuel, fermé depuis cinq ans, est nettoyé avec soin, et sur la porte on voit une grande affiche qui annonce : l’Amour des trois oranges, fable en cinq actes, imaginée exprès pour ramener les quatre masques nationaux, et soumettre au public quelques allégories peu déguisées.