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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/297

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Le signor Prologue est un petit enfant qui se glisse entre la toile et la rampe pour faire trois saints et dire d’un air naïf que l’auteur, par grand extraordinaire, va faire représenter une pièce nouvelle qui n’a été jouée nulle part. La troupe demande pardon aux spectateurs de ne pas leur donner un ouvrage vieux, traduit, usé, paré des plumes du paon, embelli par de grosses sentences. Là-dessus l’enfant se retire, et la pièce commence.

Silvio, puissant roi de Carreau, pleure et se lamente dans le sein son ministre Pantalon ; son fils unique, Tartaglia (le peuple en personne), périt d’ennui et de consomption. Le malheureux ! on l’a tant abreuvé de drames pleureurs, de comédies empruntées aux étrangers, et d’ouvrages dits réguliers, qu’il se meurt dans les règles, soigné par deux médecins en bonnets pointus. C’est la méchante fée Morgane qui lui a envoyé ces potions achérontiques. Que pourrait-on lui administrer ? Léandre penche pour l’opium. Truffaldin opine pour une infusion de vers martelliens ;