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pas exempt de reproches. Par haine des alexandrins et de l’emphase, il écrivait avec un abandon fâcheux. La rime est si facile en italien, que ce n’est guère la peine d’adopter un rhythme pour ne faire que des vers blancs, et Gozzi ne voulait décidément pas rimer, excepté dans les occasions où son sujet devenait tout à fait poétique. Il érigeait la négligence en système, et se glorifiait de renverser le pathos martellien en écrivant par-dessous la jambe. Ces irrégularités, qui se supporteraient en anglais, produisent un effet déplorable dans l’idiome coulant et mélodieux de la Toscane ; aussi les classiques vénitiens, indignés de leur déconfiture, s’écriaient-ils douloureusement : « Au moins, nos barbarismes rimaient ensemble ! »

Charles Gozzi fut un peu étonné de n’avoir plus personne à combattre. Les sonnets admiratifs pleuvaient chez son concierge. On l’appelait l’Aristophane de l’Adriatique ; le public demandait encore des fable, sans songer que, les allégories n’étant plus de saison,