Aller au contenu

Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/305

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 297 —

la moitié de l’intérêt s’était évanoui. Plus de genre flebile, plus de phébus, ni de vers soporifiques, ni de dialectes barbares ; plus de contre-révolution à faire, et partant plus de satire possible. Gozzi se tourna un peu inquiet vers le sévère et judicieux Gaspard.

Carlo mio, lui dit son frère, prends garde à toi. Avec la colère s’en va l’inspiration satirique. C’est quand on n’a plus de rivaux qu’on tombe. Iras-tu sans passion te créer des motifs de guerre ? Si tu t’avises de toucher aux grands ou à la politique, on te fera jouer le premier rôle dans une tragédie dont la dernière scène sera un monologue dans une prison. Prends garde à toi ; redeviens simple ganellesco, ou bien brise les flèches et les armes pointues ; puise dans ta seule fantaisie, et si tu réussis, tu sauras que le ciel t’a fait véritablement poète.

Le conseil de Gaspard était bon. Charles Gozzi s’enferma pendant deux mois dans son cabinet. Il oublia les querelles poétiques et se jeta dans la fantaisie. C’est de là que sortit la