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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/310

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crie qu’il veut tenter la fortune, et répond aux larmes de son hôtesse par ce raisonnement d’amoureux : « Si je ne réussis pas, je trouverai un terme à ma vie misérable, et j’aurai du moins contemplé avant de mourir la beauté la plus rare qui soit au monde. » Calaf n’écoute plus rien, et marche tout droit au palais impérial.

Altoun-Kan est le plus bénin des empereurs. Il pleure de tout son cœur en faisant couper la tête d’une foule de charmants princes auxquels il aimerait bien mieux donner sa fille ; il se lamente avec son secrétaire Pantalon. Calaf est introduit, et on tâche de le faire renoncer à son projet ; mais l’amoureux inébranlable répond :

Morte pretendo, o Turandotte in sposa.

« Je prétends mourir ou épouser Turandot. » On assemble donc le divan. La princesse paraît au milieu de ses femmes et voilée : « Voici la première fois, dit-elle à ses confidentes, que je sens de la pitié pour un homme. »