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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/330

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droit d’en dire autant que lui. Chacun a son chapitre des Contratempi, orné de méprises effrayantes, de personnages bizarres et de fatalités imprévues dont on a le droit de faire des monstres. Qui ne connaît pas cette disposition d’esprit dans laquelle tout change d’aspect et s’éclaire d’une lumière fantastique ? Alors la queue du diable passe entre les basques de tous les habits, et si quelqu’un vous appelle d’un autre nom que le vôtre, vous êtes au pouvoir de l’enfer. Dans les mains de Gozzi, le fantastique, soutenu par la pantalonnade vénitienne, prend des proportions énormes. L’auteur a bien l’air de croire à la vertu des paroles cabalistiques par lesquelles l’âme de Tartaglia passe dans le corps du roi, son maître, tandis que l’imprudent monarque s’amuse à entrer dans le corps d’un cerf ; mais il exagère assez les choses pour vous faire entendre que cela n’est pas parfaitement croyable. Hoffmann, au contraire, est effrayé réellement, et veut vous forcer à partager son épouvante.