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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/337

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pagnie existait… en paroles. La jeune comédienne est extrême en tout : amitié est un mot fabuleux ; nous lui substituons l’amour et point de nuances. Une comédienne dit bien à une autre qu’elle a de l’amitié pour elle, mais quand elle veut la tromper ou lui jouer un mauvais tour. Du moins, dans notre compagnie, on faisait l’amour décemment, sans scandale. Jamais je n’ai vu nos actrices dépouiller les jeunes gens, se vendre à l’enchère, ni surtout, ce qui a de graves conséquences, mal parler de celles qui se conduisaient bien. Jamais une basse vénalité n’a été remarquée ; on se serait fait bannir de la troupe. Après cela, on était amoureuse par choix, discrètement, en suivant le bon exemple qu’on avait reçu de ses père et mère, quand on en avait. Toutes les femmes disaient : « Quand j’aurai un mari, je quitterai la scène ; » mais on se mariait à condition de ne point la quitter, car celle qui a vécu heureuse sur la scène ne peut plus vivre ailleurs. Nous sommes passionnés à Venise, et la passion respire dans