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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/338

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les coulisses : elle passe sa tête par le trou du souffleur, on l’avale avec la fumée des quinquets. Hors des planches le néant.

» Ces pauvres jeunes filles ! que d’esprit et de traits comiques dans leurs amours ! Quelquefois elles m’attaquaient et me perçaient d’œillades, car j’étais garçon, je pouvais prendre femme, et on serait restée sur les planches. Quelquefois j’ai su leurs colères, leurs querelles, leurs jalousies, et même leurs pleurs à propos de moi ; elles croyaient m’aimer parce que j’étais le signor poeta et célibataire, en un mot une planète adorable dont une invention scénique pouvait encore les porter au triomphe. Sous ce rapport je faisais de mon mieux, leur gloire était la mienne ; quant à l’hymenée, j’ai toujours mis fin aux chimères en déclarant mon parti pris de rester garçon ; mais bah ! on recommençait au bout de huit jours.

» À chaque rentrée en ville, après une tournée, je les questionnais d’un air indifférent. On ne voulais rien avouer. On avait tant pensé