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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/351

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sur les traces de personne se perdre dans l’oubli. Le sort du poëte de fantaisie sera donc, non-seulement d’être oublié, mais encore de reparaître, au bout d’un certain temps, comme une nouveauté sous le nom d’un autre. Certes, lorsque Hoffmann se mit à imaginer ses personnages bizarres, on ne douta pas qu’il n’eût puisé ces excellentes folies dans sa cervelle ; cependant on ne peut nier qu’il se soit inspiré de Gozzi. Le portrait de Crespel, celui de maître Abraham avec sa redingote couleur fa bémol, celui de Jean Kreissler avec son archet à la ceinture en guise d’épée, ne sont pas plus hardis que celui du patricien N…, avec ses armes de la bataille de Lépante. Les bottines étonnantes du joueur d’échecs cèdent encore le pas à celles de l’archevêque Turpin. Qui eût osé soupçonner la Vie d’Artiste de ne pas être un souvenir de jeunesse raconté par Hoffmann avec tous ses détails les plus exacts ? Cependant on ne sait plus qu’en penser en voyant que Gozzi, trente ans auparavant, écrivait un chapitre semblable dans sa peinture