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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/353

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tias et les novateurs vénitiens, nos fabricateurs de mots n’eussent pas essuyé sous cette forme la fine et terrible bordée que Nodier leur envoyait il n’y a que deux ans. Gozzi a encore sur ses imitateurs l’avantage d’avoir écrit en vers. Il n’est ni juste ni décent que ses inventions soient introduites en France de seconde main, tandis que le véritable créateur d’un genre original et applaudi n’est qu’à peine connu de nous.

Si je n’ai pas réussi à donner de ce poëte aimable l’opinion qu’il mérite, ses ouvrages sont là ; le lecteur peut les ouvrir sans avoir à craindre d’y trouver de l’ennui, car Gozzi écrivait pour un public bien plus léger et plus impatient que nous. On ne s’inquiétait guère à Venise des lois du bon goût, ni des leçons sur la dépravation des mœurs, ni des colères de l’académicien solitaire contre les patois barbares ; il fallait d’abord amuser son monde. Une minute d’ennui eût tout perdu et renvoyé les spectateurs immédiatement d’un théâtre à l’autre. Charles Gozzi savait cacher son but