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Page:Paul de Musset - Course en voiturin, Italie et Sicile, 1845, 2.djvu/69

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et dont l’ambition dépasse toujours les faibles conquêtes ! Adieu les fêtes populaires, les rires, les illusions, et les plaisirs à bon marché ! On dort sur la paille à Naples ; on ne possède qu’un baioc pour la nourriture de toute la journée ; mais jamais vous n’entendez parler d’un suicide. Ce n’est pas la crainte de la mort qui retiendrait les Napolitains ; leur terrible résistance aux armes de Championnet a prouvé qu’ils savaient mourir intrépidement. Chez nous, on a du pain, des habits propres, un bon lit, un avenir à peu près assuré, et puis un beau jour on se tue sans daigner dire pourquoi. Lequel a donc vécu heureusement, de celui qui, sans chemise, l’estomac à demi plein de quelques brins de pâte et d’un peu d’eau, ne songe qu’à chanter, prier Dieu et se divertir ensuite, ou de celui qui, vêtu de drap d’Elbeuf et gorgé de bonne chère, se pénètre de sa dignité d’homme, réclame ses droits de citoyen, et se pend à l’espagnolette d’une fenêtre bien calfeutrée ?

Ce n’est pas sans raison que les jeunes filles