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Page:Pawlowski-Voyage au pays de la quatrieme dimension - 1912.djvu/247

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LE POÈTE-TYPE

que la moindre réalité suffisait à mettre en déroute. La seule idée d’apprendre une nouvelle imprévue le terrorisait ; il avait peur de tout, même des nuages, parce que chaque objet, même le plus futile, était pour lui rempli de problèmes inextricables, de menaces imprécises, de fantômes terrifiants ; il n’était heureux, comme les enfants, que lorsqu’il pouvait s’amuser avec ses livres d’images et chercher dans la nature environnante quelque symbole nouveau.

Lorsque la femme-échantillon lui conseillait directement ou indirectement de tuer le Savant absolu, elle lui peignait leur brillant avenir lorsqu’ils seraient les maîtres du Laboratoire Central ; elle lui affirmait que, possesseurs de la science universelle, ils seraient dès lors comme des dieux. Lui ne la croyait pas : il lui répondait que derrière ce qu’elle voyait il y avait toujours autre chose, que les idées seules étaient certaines, que la divinité était en nous ; puis il se taisait. Il la regardait longuement, admirait les lignes harmonieuses de son corps, ses yeux se perdaient vers le ciel, suivant attentivement les idées qui s’envolaient lentement, comme font parfois certains animaux qui regardent les fantômes qui passent dans l’air.

Lorsque le scandale du Laboratoire éclata, indéniable, inévitable, le poète n’eut point cet accès