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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/16

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la femme en lutte pour ses droits

contraire le charme des femmes ; loin donc de s’en corriger, elle va jusqu’à la simuler pour se rendre intéressante aux yeux des assistants.

Dans certaines familles, chez les protestants notamment, l’éducation des filles est autre ; mais sous une forme différente c’est toujours le rétrécissement de l’esprit et l’asservissement du cœur. Tous les devoirs que l’on inculque à la petite fille en prenant des airs tragiques sont des devoirs de passivité ; sous toutes les formes on lui fait entendre qu’elle n’est au monde que pour faire abnégation complète de sa personnalité en faveur des hommes. Alors que la bourgeoisie catholique vise à la femme du monde, la bourgeoisie protestante vise à la femme de pasteur procréatrice de nombreux enfants et humble servante du mari. Sur le bien moral, le devoir, la conduite de la vie, on lui inculque des principes généraux d’une rigidité lacédémonienne ; et on les lui fait appliquer à la confection impeccable d’une paire de bas de laine ou au balayage irréprochable d’une chambre à coucher. Nous avons ainsi connu une digne femme qui mettait tout le soin dont elle était capable à disposer les draps et les couvertures du lit conjugal parce que, disait-elle,