Aller au contenu

Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
5
la femme en lutte pour ses droits

les ! » leur crient-ils, en faisant passer dans cette injure tout le mépris qu’ils ont de ce qui porte jupons ; et ils courent à elles les poings tendus. Les filles en général ne se défendent ni ne répliquent ; elles s’enfuient peureusement, ce sont déjà des femmes.

Dans les classes cultivées, disions-nous, l’inégalité sociale des sexes ne se manifeste pas dans des formes aussi brutales ; néanmoins de très bonne heure la fillette apprend de sa famille et de son entourage qu’elle est, « autre » que le garçonnet. Tandis que dans le costume de ce dernier tout est sacrifié à la liberté des mouvements, l’objectif visé dans les ajustements de la petite fille est avant tout d’en faire une chose belle à voir. Dans l’âme de son fils, le père s’efforce de susciter l’énergie et le ressort moral. Pleure-t-il parce qu’il est tombé ou s’est fait une égratignure, on lui reproche la honte de sa faiblesse : « Tu n’es donc pas un homme ? » — « Tu pleures comme une petite fille. » La fillette, elle, n’est jamais réprimandée pour des choses de cet ordre, la peur et la faiblesse sont, pensent les parents, naturelles à son sexe, et, loin de les réfréner, il les encourageraient plutôt. Aussi comprend-elle très vite que la pusillanimité, qui fait la honte des hommes, fait au