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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/25

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la femme en lutte pour ses droits

Dans la famille il est le maître ; c’est lui qui, on peut le dire, apporte l’argent ; car le salaire de la femme, simple appoint, ne peut à beaucoup près suffire à entretenir le ménage. C’est l’homme aussi qui a la force physique, et au besoin il sait le prouver à sa femme lorsqu’elle ose lui résister. À l’homme tout est permis, rentrer ivre n’est pour lui qu’à peine une peccadille ; pour la femme, c’est une honte. A-t-il des habits salis et déchirés, c’est la femme qu’on accuse et lui est au contraire plaint ; mais qu’une femme se néglige dans sa toilette, oh ! alors point de pitié pour elle, car elle a manqué au devoir primordial de son sexe auquel il est permis d’être stupide, mais non d’avoir des trous à ses bas.

Au moment de l’entrée en apprentissage, la mère a cru bon de mettre sa fille en garde contre les dangers qu’elle allait courir. Les hommes feront des tentatives pour la posséder, cela est tout naturel « car l’homme est pour chercher et la femme pour se défendre » ; mais elle devra se garder de les écouter, parce que la jeune fille qui cède est déshonorée, surtout lorsqu’elle a le malheur d’avoir un enfant, malheur toujours à redouter. J’ai entendu une femme du peuple conter à sa jeune fille pour la préserver de la « faute » l’his-