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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/33

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la femme en lutte pour ses droits

son roi du trône ; la femme détrôna le prestige du mari. Devant la brutalité, le mépris, l’indifférence, devant la privation arbitraire des joies de la vie, elle en vint à se rebeller. Son maître avait pensé qu’il était injuste qu’il y eût des rois et des sujets, elle se demanda à son tour pourquoi il y avait des femmes et des hommes, et quelles raisons on avait de conclure de différences physiques à une nécessaire inégalité sociale. Elle aussi voulut avoir sa vie propre ; être la chose d’un autre ne lui parut plus suffisant. C’est ainsi que tant bien que mal, tous ces mécontentements parvenant à s’unir, des groupements s’organisèrent. Pour résister à leurs oppresseurs, les hommes avaient formé des clubs, les femmes comprirent que ce qui avait servi leurs maris pouvait les servir. Comme eux, donc, elles eurent des sociétés avec des présidentes, des secrétaires, des procès-verbaux, comme eux elles défendirent dans leurs journaux, dans leurs réunions le bien-fondé de leurs revendications et le féminisme était né.

Outre l’évolution des idées, la transformation des mœurs et des conditions matérielles de la vie fut pour la constitution du féminisme un facteur important. On s’était débarrassé de l’idole religion, l’idole famille commença elle