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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/34

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la femme en lutte pour ses droits

aussi à paraître embarrassante. Nos grands-pères s’imaginaient avoir pour devoir étroit d’entretenir toute sa vie leur fille qu’ils n’avaient pu marier, parce que les femmes ne devaient pas travailler. Leurs fils en vinrent à penser qu’il n’y avait là qu’un préjugé, les vieilles filles abandonnèrent donc le crochet familial pour l’atelier, le magasin ou le bureau, et, attirée par la perspective d’augmenter le bien-être du ménage, la femme mariée suivit la célibataire. Par la force des choses l’une et l’autre se rendirent compte qu’elles n’étaient plus seulement un sexe ; amour, maternité, désir ardent du bel inconnu qui tarde à venir, regrets des illusions perdues, tout cela certes, occupe encore une très grande place, une trop grande place, dans la mentalité féminine ; mais l’esprit qui se porte vers l’aimé doit aussi se tendre sur la page de chiffres, les mains faites pour les caresses, créent des valeurs marchandes et la femme comprend qu’elle aussi peut quelque chose. En dehors de son seigneur et maître, elle se sent une existence distincte ; elle compte, pour peu encore, il est vrai, mais enfin elle compte dans la société.

Alors les esprits rétrogrades et les cœurs égoïstes des hommes s’émeuvent. La nature