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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/41

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la femme en lutte pour ses droits

nisme, ce genre de flirt en vaut bien un autre. Il défend donc avec conviction les privilèges masculins, l’interlocutrice riposte avec éloquence et la soirée finie elle part heureuse d’avoir été aussi bien appréciée dans son intelligence… et dans sa féminité.

Chez certaines femmes cependant, le sentiment qui leur fait conserver les servitudes de leur sexe est un peu différent. Par suite de l’infériorisation dans laquelle a été tenu depuis toujours le sexe féminin ; la société ridiculise les quelques femmes qui adoptent des allures masculines. Au fond, ce ridicule est dans sa pensée celui de l’inférieur qui veut imiter le supérieur, de l’âne qui revêt la peau du lion. La preuve en est que le sentiment que l’on a pour les actes opposés, c’est-à-dire pour les hommes qui imitent les femmes est tout différent ; l’homme qui affecte des allures féminines n’est pas ridiculisé, il est méprisé, comme un supérieur qui déchoit.

Mais les féministes font rarement cette analyse, je n’ai garde d’ailleurs de leur en faire un crime, car les gens qui recherchent les causes des idées et des usages de leur milieu sont rares aussi bien dans un sexe que dans l’autre. N’ayant donc pas analysé, elles pensent que les allures féminines sont inhé-