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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/42

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la femme en lutte pour ses droits

rentes non pas à la servitude dans laquelle le sexe féminin est tenu, mais à ce sexe lui-même, et elles s’attachent à les conserver d’autant plus que leurs adversaires les accusent constamment d’y renoncer. C’est ainsi que nos austères revendicatrices arborent des chapeaux muticolores agrémentés de fleurs et d’oiseaux, revêtent des jupes traînantes, marchent à pas menus, s’abstiennent de sortir le soir parce que cela n’est pas convenable et souffrent la soif plutôt que d’entrer dans un café de peur de ressembler à des hommes.

Elles ne songent pas qu’en réalité leur esclavage est fait de la conservation de tous ces menus usages, qui semblent peu importants et qui cependant forment par leur ensemble, toute la différence psychique des sexes. Ces habitudes n’ont pas seulement pour objet de différencier les femmes, des hommes, ce sont des entraves au développement de la personnalité féminine, par leur conservation les femmes restent des mentalités inférieures, des esprits cultivés en vase clos et fermés à la vie, et tant qu’elles ne les auront pas abandonnées, leur émancipation politique et sociale ne se fera jamais.

Indécises dans leurs sentiments, les femmes le sont également dans leurs idées, de là le