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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/56

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la femme en lutte pour ses droits

femmes, sagement assises dans le coin le plus obscur, semblent ne rien craindre autant que d’être aperçues. Parfois, lassée par l’attente, l’une d’elles se glisse, très humble, jusqu’au garçon de bureau ; mais lui, presque offensé, se redresse de toute sa supériorité : « Vous attendez depuis deux heures, c’est possible, Madame ;… mais les personnages officiels d’abord. » — Ah tu es de la science, des lettres, de l’enseignement, ma petite, mais pour que tous ces beaux titres comptent, il faut en avoir un que tu n’as pas ; il faut porter culotte.

Dans la classe ouvrière, les avantages que procurerait aux femmes le droit de vote sont moins apparents, mais leur réalité est tout aussi certaine. Si l’ouvrier a pu se grouper pour résister au patronat et en obtenir des conditions de travail meilleures, il le doit pour une grande part au suffrage universel qui a fait l’enseignement primaire et a ouvert aux classes pauvres l’accès de la vie politique.

Malgré, en effet, la somme d’iniquités, de turpitudes de toutes sortes qu’elle recèle, c’est encore la carrière politique qui est la moins impitoyablement fermée aux classes pauvres. Contre le jeune homme intelligent