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Page:Pelletier - La Femme en lutte pour ses droits, 1908.djvu/82

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la femme en lutte pour ses droits

plus grandes que la situation qu’on vous aura conférée. Gardez-vous aussi, féministes, de vous laisser aller vis-à-vis du parti qui a reconnu votre mérite à des élans excessifs de gratitude. Soyez consciencieuses remplissez avec tout le zèle dont vous êtes capable la mission qui vous est confiée ; mais sous aucun prétexte ne donnez votre cœur ; car ce cœur je le répète, il est à nous, à nos organisations féministes qui seules travaillent à notre émancipation. Ne vous faites d’ailleurs aucune illusion ; si un parti vous élève, c’est qu’il a intérêt à le faire ; les femmes ont, en dehors des sentiments sexuels, de l’amitié pour les hommes, mais les hommes n’ont en général pour les femmes que de l’indifférence et de la haine.

Trop souvent les femmes qui réussissent à acquérir quelque influence dans les partis, croient tout de suite la cause féministe gagnée du fait même de leur élévation. Elles voient les hommes tout prêts à reconnaître le mérite des femmes et à leur rendre justice. C’est une grande erreur. Dans un parti politique le mot mérite n’a pas de sens ; si on croit qu’un homme peut servir, on le favorise et on ne le favorise qu’aussi longtemps qu’il peut servir : Le plus souvent même, cette élévation