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Page:Penquer - À propos des arbres du Luxembourg, 1866.pdf/9

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Aigle, je défendrais dans ma serre sublime
Tout trophée ou fleuron que j’aurais remporté.
Je serais moins puissant encor que magnanime ;
Plus aimé dans ma gloire encor que redouté !

Mais moi, je suis de ceux qui craignent les décombres,
Que la poussière effraie et révolte à la fois !
J’ai peur d’en voir sortir de vengeresses ombres,
Et d’y salir mon pied, moi qui suis fleur des bois !

J’ai peur d’en voir sortir cataclysmes, désastres,
Fatal écroulement sous le choc de l’épieu !…
Mais moi, je vois encor l’homme à travers les astres ;
Je vois à travers l’homme encor l’ombre de Dieu !…

Enfin, je le dirai,… dussiez-vous en médire,
Ô siècle dont le souffle a refroidi ma main !
Les biens que vous cherchez, les biens auxquels j’aspire,
Ne se rencontrent pas dans le même chemin !

Les vôtres sont cachés dans une molle argile :
De l’or, toujours, toujours, c’est de l’or qu’il vous faut !
Vous creusez et fouillez dans un terrain fragile ;
Vous regardez en bas, moi je regarde en haut.