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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

finir au plus tôt et au contentement des intéressés cette farce-là. »


Malgré cette indifférence apparente, Catherine fut profondément blessée de l’infidélité éclatante de Momonoff ; son amour-propre souffrit plus que son cœur. La czarine avait alors soixante ans ; et quoiqu’elle pût, au dire des contemporains, en dissimuler aisément dix, il devait lui être difficile de se faire illusion sur les sentiments qu’elle inspirait. Le nouveau choix qu’elle fit, peu de temps après, prouve cependant que l’être le plus clairvoyant devient aveugle lorsqu’il s’agit de se juger lui-même.

On voit pour la première fois poindre la nouvelle étoile dans une lettre à Grimm écrite le 13 septembre 1790, c’est-à-dire sept mois après le mariage de Momonoff. « Voulez-vous savoir ce que le général Zouboff et moi faisions cet été au bruit du canon à Tzarskoë-Sélo, dans nos heures de loisir ? Eh bien, voilà notre secret livré : nous traduisions en russe un tome de Plutarque. Cela nous a rendus heureux et tranquilles au milieu du brouhaha général. Il lisait outre cela Polybe. »

Nous nous permettrons de douter un peu que le temps de Catherine fût absorbé en entier par