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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/140

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

changé depuis une maladie qui en avait été la suite :

» — Je vous trouve, monseigneur, lui dis-je, j’air encore un peu défait. »

Ce mot était dur, et on comprend que le prince Albert ne l’ait pas pardonné au prince de Ligne. C’est à une cause de même nature qu’il faut attribuer la malveillance du ministre Thugut, qu’il appelait familièrement le grand vizir.

« Ce qui m’a empêché d’être employé dans cette dernière guerre, c’est d’avoir dit, lorsqu’on donna au favori Godoy, en Espagne, le nom de prince de la Paix, que Thugut était le baron de la Guerre. Cela courut tant, et cela parut si juste (puisqu’il avait refusé toutes les conditions avantageuses que la France proposait), qu’il ne me l’a jamais pardonné, non plus que d’avoir dit : M. le baron de Thugut ressemble aux cardinaux Richelieu et Mazarin par les deux derniers hémistiches de leurs portraits dans la Henriade :


Richelieu, grand, sublime, implacable ennemi,
Mazarin, simple, adroit et dangereux ami. »


Il faut convenir que ce dernier trait n’était pas fait pour concilier au prince les bonnes grâces du grand vizir.