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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

Il estregrettable pour le prince que des motifs aussi personnels l’aient éloigné d’un commandement qu’il eût exercé avec tant de talent et de prestige ; il en avait conscience, et son oisiveté qui lui serrait le cœur lui a dicté des pages émouvantes :

« La bêtise ou la malice des gens en faveur, les mauvais choix qu’ils ont faits, leur négligence des braves gens et des gens éclairés ont détruit ma ferveur militaire, que je n’aurais jamais cru pouvoir s’arrêter.

« J’ai brisé l’idole la plus chère à mon cœur : la gloire ; et j’ai résolu de ne jamais essuyer un coup de fusil. Je ne me suis jamais vanté de tant de batailles et de quelques actions distinguées pendant douze campagnes, et j’ai ri et pleuré lorsque j’ai vu à la tête de nos armées en Italie et aux Pays-Bas quatre pauvres ignorants ou infirmes que j’ai eus sous mes ordres et à qui, excepté Clerfayt, je n’aurais jamais donné trois bataillons à commander. Car de toutes les marionnettes politiques qui ont paru sur le théâtre de cette guerre, la meilleure eût été Clerfayt, si la crainte de la responsabilité n’avait point paralysé souvent ses nombreux moyens. »

L’impératrice Catherine partageait en tout