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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/147

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

je m’amuse de mes privations et je me moque de mon avarice… Je pourrais regretter mon existence de deux ou trois cent mille florins de rente, la plus belle campagne, la plus belle forêt et la possibilité d’être dans un jour à Paris, ou à Londres, ou à La Haye, ou à Spa ; le gouvernement militaire et civil d’une province intéressante, etc…, mais la crainte d’un quart d’heure de réflexion pénible m’a toujours empêché d’y penser ; et si, dans ce moment-ci, cela me passe par la tête, c’est pour me réjouir de n’avoir aucune affaire, pas même un testament… »

Le prince n’avait conservé de son ancienne splendeur qu’une modeste maison à Vienne, qu’on nommait encore l’hôtel de Ligne, et qui était située sur la Môlkerbaster, avec la principale façade donnant sur le rempart[1]. Cette façade, ornée de deux colonnes : les écuries, les dépendances et l’hôtel lui-même étaient peints en rose, couleur favorite du prince[2].

  1. Une nouvelle maison a été bâtie, en 1845, sur l’emplacement de l’hôtel de Ligne ; elle porte le no 87.
  2. Sa prédilection pour cette couleur allait si loin que les galons des domestiques, les panneaux de sa voiture et son papier à lettres étaient roses. Il appelait sa petite maison sa cage ou son bâton de perroquet.