Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

« Je ne vous ai jamais demandé, à vous autres, comment allaient mes affaires jadis, et vous me demandez comment elles sont : je les connais à présent.

» Des bals de trois cents personnes dans mes remises, mon manège et le jardin de l’hôtel de Ligne (car alors on ne savait pas que le peuple fût une bête enragée), des mascarades, un théâtre si cher en tableaux, décorations et habits, mon opéra des Samnites, des soupers à cinquante couverts à Bel-Œil d’où je partais pour donner à dîner à quatre cents curieux officiers français (qui venaient me voir manœuvrer dans les plaines de Mons) ne m’ont jamais fait demander ce que cela coûtait. Que me faisaient quatre ou cinq cents ducats comme hommage d’amitié pour Mons, de tendresse pour le comte d’Artois, j’ose presque dire pour la reine, et de respect pour le roi… ? À présent je me surprends à recommander à mes gens quand, par hasard, je donne un thé à l’un de mes rochers, qu’il soit rendu à sa signification simple et naturelle, sans glaces, sans gâteaux et sans fruits, excepté les prunes qui sont le fruit le moins cher. Je ris, quand je suis parvenu, en deux ou trois mensonges, à vendre quelques exemplaires de mes volumineux ouvrages. Mais