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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/198

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

plus de journées aux paysans qu’il ne fallait ; j’ai déjà donné depuis longtemps là-dessus les ordres les plus sévères ; cependant j’ai vu qu’on ne les a pas écoutés. Hier je suis allée dans les champs et j’ai trouvé un paysan debout à côté de ses bœufs dont un était tombé et mourant ; je lui ai dit de le dételer et de le ramener à la maison, sans quoi il le perdrait. Cet homme m’a répondu avec beaucoup de bon sens :

« Si je ne laboure pas aujourd’hui, je serais sans pain, car on nous prend toute la semaine pour la panszezizna ; je suis à présent, me dit-il, poczworny ; en automne je serai parowy, et dans un an pieszy[1]. »

Je lui ai répondu que je ne prétendais pas à plus de trois jours, que si on le prenait davantage, il n’avait qu’à venir se plaindre. Il m’a dit que les cosaques ne le laisseraient pas entrer. J’ai fait venir les économes, et j’ai défendu que jamais on prenne aux paysans un jour de plus que ce qu’ils doivent, sans quoi ils seraient renvoyés. Ce matin, j’ai fait venir les anciens du village, et je leur ai dit que si on

  1. Panssezizna, signifie corvée, pocaworny, paysan qui travaille avec quatre bœufs, parowy, avec deux bœufs, et pieszy, sans bœufs.