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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/241

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

téra tout à fait, elle prit Brody en horreur, « cette triste habitation bâtie entre des sables et des marécages peuplés de crapauds dont les coassements m’obsèdent, cette grande muraille fermant l’horizon de tous côtés et la société qu’il faut endurer chaque jour m’exaspèrent et me tuent !… J’ai tenté d’aller chez mon mari après dîner, mais il m’a bien mal reçue. J’ai voulu y retourner plus tard, il s’est fâché parce que j’ai cogné trop fort. » Et elle rentrait tristement chez elle et pleurait.

Depuis la mort de ses enfants, et à son grand chagrin, Hélène avait vu s’évanouir deux fois l’espérance d’une grossesse. Elle souhaitait passionnément redevenir mère et elle accusait son mari de ne point partager ce désir. « Si j’avais encore les êtres chéris que j’ai perdus, dit-elle, je supporterais plus facilement cette existence, mais mon mari ne semble pas s’en soucier ! »

Chaque page du carnet marque une querelle. Tantôt le comte fait une scène parce qu’on lui a donné « une soupe qu’il n’aime pas ou un salmis brûlé », tantôt la comtesse se fâche parce que son mari la gronde au jeu ou se retire chez lui sans lui dire bonsoir. Elle lui reproche sans cesse sa froideur et lui ses exigences.

Le temps n’est plus où elle écrivait : « Alexis