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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/244

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

quel donnaient ses fenêtres. Dès l’automne elle avait fait planter des rosiers, des lilas, des arbustes de toutes sortes ; puis elle s’amusa elle-même à semer des œillets, des pavots et des pois de senteur : on lui envoie des violettes, des pervenches, des campanules, elle se réjouit de les voir pousser et cette occupation nouvelle paraît l’intéresser vivement.

Son mari l’accompagne quelquefois dans ses tournées de jardinage. « Mon mari est venu aux couches, nous avons arrosé, il était doux et bien disposé, mais en revenant l’humeur lui a pris et il a été toute la soirée sombre et farouche. » Le caractère du comte accusait en effet une inégalité de plus en plus marquée. Sa femme ne savait à quoi l’attribuer et s’en plaignait souvent à la Karwoska, devenue sa confidente et sa compagne favorite.

Très intelligente, très fine, d’un esprit souple et délié qui s’accommodait à merveille du caractère emporté de sa maîtresse, cette jeune fille avait réussi à se faire une place à-part auprès d’elle. Sans cesse, elles font de la musique et des lectures ensemble, c’est chaque jour un nouveau présent, robes, bijoux, fantaisies de tout genre. Si la comtesse sort en voiture ou en traîneau, la