Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
372
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.



« Paris, du 22 août au 24.


» J’ai reçu hier, mon cher Vincent, ta lettre du 7 août de Tœplitz ; je vois avec chagrin que tu es mécontent de moi, ta lettre est comme un vase qui contient une liqueur amère et dont les bords sont frottés de miel, toi qui juges les passions, il semble que tu ne les connais pas ; crois-moi, la nouvelle de ton départ ne m’a pas mise en colère, elle m’a mise au désespoir ! Tu n’as pas reçu la lettre que je t’ai écrite dans le premier moment, c’était bien autre chose, tu n’aurais pas compris son langage, une femme ne s’y serait pas trompée ; ce n’est pas que je veuille justifier les défauts de mon caractère, rien n’est comparable à ma vivacité dans le premier moment, si ce n’est ma douceur après la réflexion ; aussi ai-je passé ma vie à faire la volonté des autres, je me suis pliée à tout, j’ai sacrifié mes goûts, mes habitudes, j’ai souffert avec calme, résignation, patience, ce qué toute autre femme sans vivacité, froide et indifférente, n’aurait pas fait. Mes moments d’emportement sont un effet de la circulation de mon