Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/382

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

d’important à lui communiquer. Il entra en effet et, d’une voix émue, elle lui demanda s’il avait pensé que la présence de la princesse Hélène et la sienne devant l’autel où s’uniraient leurs enfants était possible. Le comte demeura muet à cette queslion intrépide.

« Moi je ne le pense pas, reprit la Grande-Chambellane, l’une de nous doit se retirer ; la princesse a-t-elle le droit de conduire à l’autel une enfant qu’elle a abandonnée pendant dix-huit ans, et peut-on m’ôter celui d’y conduire un fils que j’ai aimé, élevé et soigné comme la chair de ma chair depuis qu’il m’a été rendu ; vous déciderez, monsieur le comte, car vous êtes le maître, j’affirme seulement que nous ne paraîtrons pas ensemble devant l’autel. »

Le comte, stupéfait d’une résistance à laquelle il s’attendait si peu, essaya en vain de combattre la résolution de la Grande-Chambellane ; ne sachant quel argument employer pour la convaincre, il prit le parti de lui demander quelques heures de réflexion, et rentra chez lui fort perplexe. Au fond il partageait l’opinion d’Anna, et trouvait même sa position entre ses deux femmes aussi désagréable que ridicule, il n’eût donc pas demandé mieux que d’en voir une disparaître ; il