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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/383

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LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

sentait que la comtesse Anna avait aux yeux du monde tous les droits possibles à rester et qu’il serait infiniment préférable qu’Hélène fût absente, mais comment oser aborder une pareille question ? Il rêva toute la soirée au moyen d’arranger une affaire si délicate, et finit par se convaincre en réfléchissant que sa femme serait peut-être plus facile à persuader qu’il ne l’avait pensé. Il lui écrivit dès le lendemain matin et, sans parler de sa conversation avec la Grande-Chambellane, il lui fit part des craintes qu’il éprouvait au sujet de leur affrontation.

« Tu conviens toi-même, ma chère Hélène, de Ja difficulté que tu éprouves à surmonter l’impétuosité de ton premier mouvement, je ne veux pas revenir sur le passé, mais après la récente preuve que tu m’en as donnée, ne serait-il pas plus prudent de renoncer au voyage de Tœplitz sous un prétexte de santé assez plausible, puisque j’ai annoncé que tu étais souffrante. Je te saurais un gré infini de ce sacrifice. »

Puis, pour adoucir de son mieux l’amertume de sa proposition, il promettait de quitter Tœplitz pour la rejoindre, aussitôt la signature du contrat et la cérémonie du serment. Ce ne fut pas sans crainte que le comte fit partir cette lettre,