Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La comtesse Hélène Potocka, 1888.djvu/422

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
414
LA COMTESSE HÉLÈNE POTOCKA.

de recevoir la défense de quitter Paris en cette saison, et puis, « je ne pouvais plus vivre sans toi, » ajouta-t-elle en fondant en larmes,

Le comte feignit de se contenter de ses raisons et peu à peu sa mauvaise humeur se dissipa.

Il va sans dire qu’Hélène cachait le but véritable de son voyage. Quelques mots échappés à ses femmes et certaines lettres de ses amies de Pologne lui avaient fait entendre que son mari n’était pas seul à Radzivilow. Emportée par sa violence ordinaire, sans s’inquiéter de la fatigue ni de la mauvaise saison, elle n’hésita pas à partir. L’accueil de son mari justifia d’abord ses soupçons : mais malgré le soin avec lequel elle observa tout minutieusement, rien ne vint les confirmer, et la bonne intelligence se rétablit promptement entre eux.

Ils passèrent ensemble un mois à Radzivilow, puis le comte partit pour la foire de Berditscheff[1] où l’appelaient d’importantes affaires.

  1. Berditscheff appartenait au prince Radzivill, et la foire qui s’y tenait était célèbre à l’égal de celles de Leipzig et de Beaucaire. Cette ville sale, mal bâtie, dont les rues non pavées avaient une hauteur de boue où l’on enfonçait jusqu’à mi-jambe, et dont les auberges ressemblaient à des taudis, voyait arriver à l’époque de la foire un nombre prodigieux de marchands et de marchandises de tous pays. Les Tartares ame-