sonnes, dans la chambre de communauté, qui travaillaient à toute sorte d’ouvrages. Talleyrand jouait du clavecin, moi de la harpe, nous chantions ; cela faisait des concerts qui amusaient fort ces dames.
» Cette chambre était toute tapissée des abbesses de l’Abbaye-aux-Bois, peintes en pied ; presque toutes avaient à leurs pieds l’écusson de leurs armes, ainsi on les reconnaissait. La mère Saint-Charles nous raconta une aventure arrivée pendant son noviciat, que je vais placer ici.
» Il vint une fois une madame de Saint-Ange proposer sa fille à madame de la Trémouille, pour lors abbesse de l’Abbaye-aux-Bois. Comme la jeune personne avait l’air fort doux, que d’ailleurs la mère proposait une pension et une dot convenables pour une fille de qualité, elle fut acceptée.
» Elle entra le lendemain, et, au bout de quelque temps, tout le couvent fut enchanté de ses grâces, de son esprit et de sa douceur. Madame de Saint-Charles, qui était au noviciat avec elle ainsi que plusieurs autres, lui disait quelquefois : « Mademoiselle de Saint-Ange, il est incroyable qu’une jeune personne, aussi modeste et aussi bien élevée que vous, ayez les gestes et les manières