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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/141

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

que vous avez quelquefois ; car, quand vous êtes debout devant la cheminée, vous écartez les pieds d’une manière étrange, et, quand vous voulez approcher votre chaise, vous faites souvent le mouvement de la prendre à travers vos jambes ; enfin il est inouï de voir réunis dans la même personne un air de modestie qui va jusqu’à la contrainte, et, à l’échappée, des gestes de mousquetaire. » Mademoiselle de Saint-Ange, rougissant, disait qu’elle avait été élevée avec un frère dont elle s’amusait à imiter les manières dès l’enfance et que plusieurs lui en étaient restées.

» Une nuit qu’il y avait un tonnerre terrible, madame de Sain(-Charles, qui était dans ce temps-là mademoiselle de Ronci, vient frapper à la cellule de mademoiselle de Saint-Ange et la prie de lui ouvrir. Mademoiselle de Saint-Ange la fait attendre quelques instants, puis lui ouvre. « Ah ! lui dit mademoiselle de Ronci, j’ai une peur horrible dans ma cellule, il faut que vous me permet liez de coucher dans la vôtre jusqu’à ce que l’orage soit passé. » Mademoiselle de Saint-Ange ne voulut jamais consentir, lui dit que la sainte règle le défendait et qu’elle la priait de s’en aller. Enfin mademoiselle de Ronci, voyant qu’elle ne voulait absolument pas lui permettre de rester dans sa