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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/147

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

» Mademoiselle de Choiseul, quoique fort fâchée fit bonne contenance et dit : « Non ; ma mère vit en province parce que c’est son goût, du moins c’est ce qu’on m’a toujours dit. Mais, si ce que vous dites était vrai, ce ne sera pas le plus beau trait de votre vie de m’avoir éclairée là-dessus. »

» Toute la classe fut excessivement irritée contre mademoiselle de Lévis ; toutes ces demoiselles lui dirent que c’était infâme ; qu’une chose comme celle-là ne se reprochait pas ; qu’elles étaient au désespoir que cela se fût passé dans leur classe, et qu’elles allaient demander en grâce qu’on la fit descendre dans la classe bleue, pour son propre honneur à elle, puisque, plus on la rapprocherait de l’enfance, plus on rendrait son propos excusable.

» Alors mademoiselle de Lévis vint trouver mademoiselle de Choiseul, qui était dans un coin de la classe, et, comme elle avait l’âme basse, elle se mit à genoux pour la prier de ne pas répéter cette histoire. Toutes les demoiselles de sa classe la suivaient et la huaient. Mademoiselle de Choiseul répondit, tout haut : « Mademoiselle, tout ce que je peux faire pour vous, c’est de ne pas vous nommer, et je vous donne ma parole