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Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/151

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L’ABBAYE-AUX-BOIS.

le dire. Là-dessus, madame de Rochechouart, qui ne voulait pas se compromettre vis-à-vis de mademoiselle de Choiseul, lui dit : « Je me suis retirée du monde, de pareilles aventures ne nous parviennent pas ; mais dites-moi à quelle personne de votre famille vous voulez que j’écrive, elle pourra vous donner quelques éclaircissements. » Mademoiselle de Choiseul demanda que ce fût à madame la duchesse de Gramont, sa tante[1].

» Madame de Rochechouart lui écrivit donc, elle vint le lendemain et, mademoiselle de Choiseul lui ayant dit le sujet de son chagrin, madame de Gramont lui dit : « Je ne veux point vous tromper, vous commencez à devenir grande, il faut vous éviter une ignorance qui pourrait vous mettre dans le cas de dire des choses déplacées.

  1. Béatrix de Choiseul-Stainville, née à Lunéville en 1730. Elle était chanoinesse de Remiremont et n’avait que sa prébende pour toute fortune. Ambitieuse, d’un caractère ferme et dur, d’un esprit masculin propre aux affaires et aux intrigues, elle forma bien vite le projet de gouverner son frère ; mais il fallait pour cela, un grand nom et une fortune ; de plus, l’homme qui les lui apporterait devait être sans moyens, pour ne pas porter ombrage au duc de Choiseul. Elle trouva toutes ces qualités réunies dans le duc de Gramont, qu’elle épousa le 16 août 1759. Le crédit de la duchesse de Gramont sur son frère devint absolu au grand désespoir de la duchesse de Choiseul, qui adorait son mari et se vit supplantée par sa dominante belle-sœur.