Aller au contenu

Page:Perey - Histoire d'une grande dame au XVIIIe siècle, La princesse Hélène de Ligne, 1888.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
152
L’ABBAYE-AUX-BOIS.

cloître : c’était à coup sûr mal choisir sa vocation. Après un court noviciat, elle prononça ses vœux et fut nommée abbesse de l’Abbaye-aux-Bois. Sa remarquable beauté rappelait celle de sa grand’mére, madame de Montespan ; un caractère hautain et violent, des passions indomptables, la rendirent bientôt l’effroi et la honte du monastère, et, à l’époque où Hélène écrit la fin de ses Mémoires, l’appartement de madame d’Orléans inspirait encore une véritable terreur aux pensionnaires.

« On assurait, dit Hélène, qu’on entendait des hurlements, des coups de fouet et traîner des chaînes dans l’appartement d’Orléans et l’on disait que l’âme de madame d’Orléans y revenait, pour expier tout le mal qu’elle avait fait pendant sa vie.

» On avait si peur de cet appartement, qu’on n’y entrait jamais qu’en bonne compagnie, et sœur Huon y étant entrée une fois seule pour balayer, elle y a trouvé des traces de sang dans la chambre à coucher et une odeur de soufre qui a pensé l’étouffer. Elle a été chercher tout de suite du monde, mais on n’a rien vu.

» Quand on doit nettoyer cet appartement, ce qui n’arrive que deux fois l’année, car il n’est